Belle exposition accueillie au Grand Palais (à Paris) jusqu’au 10 janvier 2011, « France 1500, entre Moyen Age et Renaissance » compile la production artistique (peinture, sculpture et, même si le mot n’était pas à la mode à l’époque, on pourrait parler de « Design »…). Le fait est que, quand on vous apprend le mot « Renaissance » à l’école on laisse planer l’image d’un renouveau après un désert culturelle d’une platitude sans fin. On s’imagine qu’il n’y avait pas grand chose avant la Renaissance et qu’il fallait donc tout reconstruire. En fait, France 1500 nous prouve au contraire qu’il y avait avant la Renaissance une richesse qui n’est pas connue à sa juste valeur. Certes, il ne faut pas imaginer que le commun mortel profitait de ce type de décorum dans ce qui pouvait tenir lieu de salon. C’est avant toute une exposition regroupant des commandes bourgeoises ou nobles, avec une très belle sélection répartie par région et un certain caractère émouvant, dans le sens où on sens, dans la plupart des cas, la volonté du commanditaire ou de l’artiste de résister au passage du temps (et qui y sont sans doute arrivés plus qu’ils ne le pensaient). Il y a du style, de la classe, de l’émotion, avec des choses comme le « vaisseau » d’Anne de Bretagne, petit coffret dans lequel elle, dans ses dernières volontés, elle avait demandé qu’on enferme son coeur après sa mort. Dis comme ça, c’est un tantinet morbide, d’accord, mais c’est au contraire une exposition pleine de vie, replongeant dans une partie méconnue de l’Histoire. Ou plutôt disons qu’on pense la connaîte et qu’à l’évidence il s’y cache des trésors.
L’exposition profite par ailleurs d’une très belle mise en lumière, qui joue la carte de l’économie, de l’intimité… D’ailleurs le contraste est un peu violent quand on fait le choix, comme moi, d’acheter le volumineux catalogue. Les photos, prises avant la mise en place (et bien souvent dans les musées originaux des objets) n’ont pas la même scénographie et parfois les vues baves, les couleurs sont ternes. A croire, sur certaines pages, qu’on a sorti un photographe des années 70 ou 80 pour lui commander certaines de ces vues. Celà dit, même si le livre n’égale pas la beauté de l’exposition, celà reste une bonne « trace », par ailleurs très documentée. Je n’irais pas jusqu’à conseiller l’ouvrage à ceux qui n’auront pas vu l’exposition, car cela leur en donnera sans doute une idée tronquée. Mais c’est un bon moyen d’en garder un souvenir.
Carton rouge, cependant, aux guichetiers du Grand Palais en cette periode d’affluence (en parallèle de France 1500, il y a aussi l’exposition Monet que j’ai renoncé à voir vu la longueur de la file d’attente). J’arrive pour prendre mon ticket et, à une caisse à côté, une jolie blonde au fort accent nordique, visiblement une touriste étrangère, arrive pour demander, elle, sa place pour Monet cherchant qui plus est l’entrée de l’expo. Goguenard, le guichetier la toise, la regarde d’un air équivoque et lui répond: « Vous n’avez qu’à suivre la grande gueue… Une jolie femme comme vous, vous devez avoir l’habitude d’en suivre, des grandes queues !« . Très classe, elle, la femme est repartie avec son ticket, sans rien lui répondre. Bon, sans voulour passer pour le puritain de service, il y a quand même d’autres manières d’accueillir en France les touristes. En plus un dimanche après-midi, au Grand Palais, avec des enfants et des mères de famille. Bref, mis à part cette anecdote qui ne remontait très certainement pas le niveau, l’exposition France 1500 est, heureusement, plus lumineuse…