Depuis quelques années le Festival International de la BD d’Angoulême propose une place constante, voire croissante, aux comics. Dans les rues de la ville, sur les stands de dédicaces ou pendant les tables rondes, le public pourra donc, pour cette édition 2017, aller à la rencontre de gens comme Chris Claremont ou Daniel Clowes et d’autres encore (je ne crois pas que tous les noms soient encore connus alors que j’écris ces lignes) ainsi qu’une grande exposition consacrée à Will Eisner. Et puis il y aussi des animations annexes.Je vais pourtant vous dire un petit secret : je reviens chaque année d’Angoulême complètement vanné, en prenant la grande résolution de marquer une pause l’année suivante, pour prendre un peu de recul. Et puis à chaque fois à l’automne suivant, quand les choses commencent à prendre forme, arrivent des opportunités qui font que la résolution précédente s’évapore. Et pour l’édition 2017, voyant ce qui se préparait, je me voyais mal dire « non« . Et vous allez comprendre pourquoi…
Cette année encore Jean-Paul Jennequin m’a proposé de tenir une conférence estampillée « les maîtres du comic-book » (ça commence à ressembler à un cycle). Après Carmine Infantino, John Byrne et Joe Kubert, quel auteur aborder ? Après avoir réfléchi, allez, environ une micro-seconde, j’ai donc proposé… John Romita Senior (nom qui a été accepté aussi vite). Le samedi 28 novembre, de 13h30 à 15h (au Conservatoire Gabriel Fauré) j’aborderais donc pendant 90 minutes la carrière de ce dessinateur mythique, qui a (entre autres choses) marqué de son empreinte la série Amazing Spider-Man dans la seconde moitié des sixties mais aussi réinventé des personnages comme Black Widow, conçu le costume initial de Wolverine et ainsi de suite.
Bon la conférence était déjà actée, quand un autre mail est arrivé quelques jours plus tard pour me faire une autre proposition liée au Festival d’Angoulême. En 2017, Panini Comics fête ses 20 ans d’activité en France et monte pour l’occasion une exposition, qui correspond en partie à des couvertures événementielles que l’éditeur a demandé à des artistes qu’on associe généralement peu avec les comics et plus particulièrement avec Marvel. Panini Comics aurait pu s’en tenir à ça pour ses 20 bougies, célébrant sa propre histoire et ce serait de bonne guerre, c’est ce que la plupart des éditeurs font ou feraient dans de telles circonstances. Mais on m’expliquait qu’au contraire l’exposition ne se limitrait pas aux 20 années écoulées et qu’il avait été décidé d’y glisser, autant que possible, une foule d’auteurs français ayant travaillé sur les personnages Marvel, c’est à dire les Coipel, les Hans, les Isanove, les Moebius, les Charretier et j’en passe (beaucoup, mais on ne fait pas l’appel sous le préau)… en remontant (sur une petite partie) jusqu’aux pionniers de l’atelier Lug, les Frisano, les Tota, les Mitton et d’autres.
Ce qu’on me proposait ? C’était d’écrire les textes introductifs des différentes parties de l’exposition « la French Touch de Marvel » (visible au Théâtre d’Angoulême du 26 au 29 janvier), d’expliquer un peu comment et pourquoi des français s’étaient lancés à faire du Marvel. Alors j’ai dit oui. Parce que, même si certains ne seront cités que dans le texte et pas forcément affichés (pour des questions de place ou de complexité à retrouver des visuels), même si les différents modules ne font que 2000 caractères (essayez de faire tenir une histoire entière là-dedans, c’est pas gagné) l’idée de glisser dans une expo d’Angoulême autant d’auteurs qui n’ont jamais eut la reconnaissance de leur pairs me séduisait énormément. Du coup, j’en ai rajouté quelques-uns au passage. Je n’ai produit que les textes, je ne sais pas l’apparence que tout cela aura au final mais c’est, à mon avis, un juste retour des choses, quand bien même trop tardif. Si on m’avait posé la question il n’y a pas si longtemps, je n’aurai pas cru voir des noms comme Navarro, Chantereau ou Bordelet cités dans un événement du FIBD… Rien que cette idée m’amusait et m’intéressait, à parts égales. Et puis est venu le coup de téléphone (oui, c’est un vrai feuilleton)…
… le FIBD avait décidé de rebondir sur l’exposition et de renchérir avec une table ronde d’une heure et demi, également intitulée « La French Touch de Marvel » (Le samedi, de 10h30 à 12h, Espace Franquin, Salle Bunuel), permettant de réunir des auteurs ayant touché ou touchant encore à l’univers de Spider-Man, des X-Men et des Avengers. Le samedi 28 janvier, j’aurai donc la joie d’animer cette table ronde en compagnie de Jean-David Morvan (scénariste de Wolverine: Saudade), Paul Renaud (dessinateur de Captain America: Sam Wilson) et Mast (l’as des récits turbomédia de Marvel). Et quelque part en cours de route j’ai dis « Hé mais quelqu’un a pensé à inviter Jean-Yves Mitton à cette table ronde ?« . Et hop, ce vétéran de Lug, premier français à avoir dessiné les aventures du Silver Surfer, des années avant Moebius (et par ailleurs présent au FIBD sur le stand d’Original Watts), nous a répondu oui dans la foulée ! Nous aurons donc sur scène Morvan, Renaud, Mast, Mitton… quatre profils, des expériences et des approches très différentes. Nous parlerons non seulement de leur travail mais aussi de l’influence des gens qui les ont précédé en la matière.
Si l’on rajoute d’autres conférences (comme celles de Katchoo, Xavier Lancel, Alex Nikolavitch ou Paul Gravett), la présence sur divers stands de Jordie Bellaire, Declan Shalvey, David Aja, Mahmud Asrar, Derf Backderf, Andrei Bressan, Ed Piskor et bien d’autres encore (en plus de Chris Claremont, Daniel Clowes et de l’expo Eisner), la place de la BD américaine au FIBD 2017 est très conséquente, bien plus que dans *certaines* manifestations estampillées « comics ». Le détail de la programmation est disponible sur le site officiel du festival : www.bdangouleme.com