Ce jeudi j’intervenais sur France Inter dans l’émission Blockbusters, présentée par Frédérick Sigrist et consacrée cette fois aux X-Men, les personnages qui m’ont mis le pied à l’étrier des comics voilà environ 45 ans. Parmi les intervenants présents sur le plateau on comptait Jérémy Manesse (Panini Comics France), Arnaud Tomasini (Comicsblog), Robert Hospyan (scénariste et critique) et Benjamin Parent (réalisateur et scénariste). Vous pouvez réécouter l’émission via le player ci-dessous. Intervenant pour ma part à distance, par téléphone (j’ai essayé par télépathie mais ça ne marchait pas), vous pouvez me retrouver quelque part vers la 35ème minute.
Parce que c’est toujours un peu « court » d’intervenir par téléphone, quelques pistes sur des lectures qui a mon humble avis démontrent la guerre incessante que livrent les X-Men au déterminisme.
– Il y a, comme je l’ai dit à l’antenne, la série Uncanny X-Force scénarisée par Rick Remender (accompagné par différents dessinateurs, à commencer par Jerome Opena) qui, sous ses faux-airs de « série à gros flingue » est en fait beaucoup plus fine qu’on pourrait le croire, avec un discours permanent sur la prédétermination. Fantomex, mutant qui a été créé artificiellement via des expériences, est hanté par la question de savoir s’il est seulement le fruit de cette expérience où s’il échappe aux conditions de sa naissance. Pour ce faire il clone le pire mutant qui ait existé, Apocalypse, et il en fait un enfant à qui il tente de donner une enfance heureuse et rurale (essentiellement la même que Clark Kent). Outre Fantomex la plupart des autres membres du groupe (Deadpool, Archangel…) s’interrogent, sous des formes différentes, sur la problématique de ce qu’ils sont vs. ce qu’ils font (sur ce terrain-là il y a aussi des choses à grapiller dans le Uncanny Avengers du même Rick Remender, en particulier le point de vue d’Havok, même si l’élément est finalement vite noyé dans la masse…).
– Wolverine & The X-Men de Jason Aaron (là aussi avec différents dessinateurs mais Nick Bradshaw est le plus marquant) prend une route différente dans le sens où c’est à Wolverine de réouvrir l’école des mutants et, essentiellement, de l’ouvrir à tout le monde. Cyborgs, monstres, aliens ou vampires peuvent être des élèves ou des professeurs. Les X-Men de Wolverine refusent de vivre avec des œillères sans pour autant que leur identité soit (des)intégrée dans quoi que ce soit. C’est une nuance culturellement importante qui fait allusion au fameux « melting pot » (qui fonctionne plus ou moins bien dans la vraie vie, d’ailleurs les X-Men eux-mêmes peuvent se voir comme une critique de cette situation) qui caractérise la société nord-américaine.
– Enfin, pour moi il y a un livre qui résume assez bien la pensée des X-Men « classiques » sans être (du tout) lié aux comics, c’est « Je suis noir et je n’aime pas le manioc » de Gaston Kelman, qui délivre le même message : « vous ne me collerez pas une étiquette sur le dos selon ma naissance, vous ne déciderez pas pour moi qui je suis, ce que j’aime ou ce que je n’aime pas ». Je ne sais pas si Kelman a lu des comics mais il y a une communauté d’esprit certaine avec les X-Men et c’est une façon de prolonger les choses au-delà de la BD.
(et merci à Jeanne Paravert pour l’invitation)