Je n’ai pas trop trouvé le temps d’en parler il y a quelques jours, en particulier avec le déplacement en Moselle et des déplacements divers mais en ce mois de juin 2017 on « fête » (en fait non « on » ne fête pas grand-chose, vu le petit nombre de gens à s’en souvenir) le cent-cinquantième anniversaire des premières apparitions de la mystérieuse Amazone Masquée dans les rues de Paris, « personne » repérée (et intégrée) alors que j’écrivais Super-Héros: Une Histoire Française.
On ne saura jamais ce qu’il y avait de vrai là-dedans. Mais quelle histoire… Remarquée par la presse aux alentours du 6 juin 1867, cette cavalière masquée, armée de sabres, rôda pendant plusieurs mois dans les artères et les parcs de la capitale… Sans qu’on sache grand-chose d’elle. Mais l’imagination s’emballa. De très sérieux journaux comme le Figaro ou la Revue Nationale s’interrogèrent pendant des mois : « Quel vœu? Quel mystère? Pourquoi ce sabre de cavalerie qui pend et bat les flancs de son alezan? Pourquoi ce poignard? Elle a pris l’aigle pour symbole, l’Amazone au masque noir; l’un sert de plaque au ceinturon, l’autre décore son chapeau. Pourquoi cet aigle ?« . D’autres, faute de réponses, inventèrent le reste. L’Office de Publicité de la Gironde s’aventura « Elle porte, comme on sait, un poignard et un sabre à la ceinture. Ces armes ont joué un rôle sanglant dans un duel ténébreux, où succomba une personne qui avait offensé cruellement sa mère. La dame au masque de velours fit alors le serment de ne se séparer de ces armes qu’à l’âge de trente ans accomplis. Elle jura également de porter jusqu’à cette époque un masque sur son visage, qui devait la cacher à tous les yeux« .
Le phénomène commença à faire parler de lui au-delà des frontières, on trouve mention de cette « Masked Lady » de Paris aussi bien dans le South London Press que dans le New York Tribune. Les apparitions de l’Amazone Masquée (ou de ses copies) continuèrent jusqu’au début 1868, sans qu’on découvre finalement ce qu’il y avait derrière. A mon avis, la presse de l’époque n’était pas très pressée de savoir, le mystère vendait sans doute plus de papier que si l’on avait suivi l’inconnue jusqu’à son écurie… qui se trouvait sur les Champs-Elysées et n’était pas spécialement « cachée ». Ce qu’il y a d’intéressant dans ce qui est, peut-être, une légende urbaine du XIX° siècle, c’est finalement la réaction du public et des chroniqueurs de l’époque. Quelque part à la frontière entre le fait divers et le feuilleton populaire, il y a cette envie d’y croire et, par conséquent, cette matérialisation d’un besoin. Et si vous voulez en savoir plus, cliquez par là !
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(*: L’image d’introduction n’a rien à voir – tout au moins pas directement – avec l’Amazone Masquée. Elle est tirée du film le Pacte des Loups, dont l’action se passe un siècle plus tôt. Simplement, il me semble difficile de lire les témoignages de 1867 et de ne pas faire le rapprochement avec le personnage incarné par Monica Bellucci dans ce film). (**: Cette Amazone Masquée de 1867-1868 n’a rien à voir avec des romans et des films du même nom produits au XX° siècle, qui ne sont que des homonymes).
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