On a bien passé plus d’une heure à parler « Super-héros français » dans ce bar. À un moment, on m’avait parlé de Fantômas et j’expliquais pourquoi le Fantômas classique est tout sauf un super-héros, tenant plus du terroriste masqué. C’est à peu près à cet instant que Simon Astier, donnant un coup d’œil à la télévision derrière moi a pris un air stupéfait : « Attends… là ils disent qu’il y a eu des coups de feu à Charlie Hebdo, qu’il y aurait plusieurs morts ! ». On était en milieu de journée ce mercredi 7 janvier et l’on prenait, ensemble, la claque qui s’est abattue sur la plupart d’entre nous. Après… ben l’interview s’est pratiquement terminée comme ça. On ne trouvait plus nos mots. Il n’y avait plus rien à dire. On s’est séparés dans la rue, avec cette impression que le monde était plus gris que lorsque nous étions entré dans le bar une heure plus tôt. Mais finalement tout cela nous ramène à la question de départ. Faut-il croire aux super-héros français ? Oui. Ce n’est pas complètement con de construire une abstraction, des êtres providentiels qui tentent de régler les problèmes du monde. Pas pour y croire au premier degré mais comme un symbole, un pense-bête qu’à défaut de trouver une incarnation du bien, on a le droit de s’en forger une dans un coin de notre tête, de la même manière qu’en d’autres temps on a sculpté des statues pour représenter la Raison, la Liberté ou la Justice. Espérer dans des valeurs, croire en l’héroïsme, c’est bien. Parce que, à l’évidence, la connerie humaine, elle, ne demande la permission à personne pour s’inviter.