Ce samedi j’étais donc à Rouen pour une conférence dans le cadre du cycle « Super-héros » organisé par les bibliothèques de la ville. Dès le début les choses étaient lancées sur un ton un peu ludique. Dix minutes avant l’arrivée en gare de Rouen (Rive Droite), je reçois un SMS qui évoquerait presque un rendez-vous d’espion. On m’informe qu’on m’attend dans le hall de la gare, avec un numéro de Texto à la main comme signe de reconnaissance. Un code ? Non, c’est Samuel Mabire, celui qui est a l’origine de cette suite d’évènement. C’est d’autant plus notable que le Samuel en question est en vacances mais qu’il a quand même pris sur lui d’être présent toute la journée, pour s’assurer que tout fonctionnait. D’emblée j’ai donc un guide et, une fois arrivé, je traverse donc la ville avec lui, en papotant sur les comics, les bibliothèques et le sens de la vie. La ville en question, par endroit, affiche clairement des couleurs super-héroïques. Les colonnes Morris et divers supports représentent la Justice League sous un mot d’ordre… Les Super-Héros A L’Assaut des Bibliothèques ! Même si ce serait faux de dire qu’on trouve ces affiches à tous les coins de rue, la manifestation n’est donc certainement pas organisée en catiminie.
Nous prenons le chemin de la Bibliothèque Saint-Sever. Tant qu’à venir ce jour-là j’en ai profité pour arriver tôt, histoire de pouvoir profiter de la visite commentée par Julien Hugonnard-Bert de l’exposition « Masqué démasqué». Mais avant cela nous avons le temps d’une petite pause café assez plaisante avec l’équipe de Saint-Sever. Julien et « Chat Madame » (bien connue des habitués des festivals de comics) arrivent et je ne vais pratiquement plus les quitter de la journée. Le nom de l’exposition est bien trouvé car en effet elle « démasque » certaines choses de la série (certaines planches du Tome 4 par exemple). Lors de la visite (explorée plus en détail ICI) Julien lévera même le voile sur le nom de code du héros. Mais chut ! C’est une confidence. En tout cas pendant une heure ça parle super-héros, comics, encrage. Et l’assistance ne semble pas s’en plaindre. Bien au contraire. Le temps d’une petite pause repas qui avec Chat Madame, Julien et Samuel et nous voilà en route pour une autre bibliothèque, Simone-de-Beauvoir où on m’attend.
Je reconnais au passage quelques visages amis comme Thomas Clément (Bandedessinée.info) ou encore Jeff Breitenbach (Comics Chronicles), ce dernier ayant même trouvé le moyen de forcer une partie de sa famille à assister à la rencontre. Cette fois c’est à mon tour d’opérer (en compagnie du modérateur Sébastien Floc’h) pour parler des « super-héroïnes ou la libération de la femme ». La conférence commence à 15 heures et elle s’achévera trois heures plus tard… Et encore on aurait pu en parler des heures de plus… Je m’étais promis de poser la question « Jeanne d’Arc est-elle une super-héroïne » (parce que Rouen, tout ça…) mais, damned, j’ai pûrement et simplement zappé ce point. Il faut dire que les super-femmes « classiques (de Pat Savage à la Batwoman moderne) étaient déjà bien assez nombreuses comme ça… Ou pas. Car en fait le monde des super-héros est un monde d’hommes à l’intérieur duquel la femme est malheureusement (et à différents niveaux) une minorité. En un sens on revient de loin (il y a même des images que j’ai évité de scanner pendant la préparation de l’intervention, en doutant qu’une partie des spectacteurs les trouverait de bon goût). Et puis il y a le cas, l’énigme même en un sens, de Wonder Woman, sur laquelle on aura forcément beaucoup parlé (j’avais ressorti pour l’occasion quelques lettres et croquis préparatifs). Du coup, à côté de ces ancêtres une femme comme Power Girl est une progressiste… tout en restant une femme-objet à un certain niveau (encore qu’il s’agit sans doute plus de certains lecteurs qui se méprennent sur son « message »). On terminait ensuite, en fin d’après-midi sur les questions du public. Mais il est certain qu’il reste du chemin à faire en matière de « surfemmes ».
Pour ce qui est de l’accueil… Samuel Mabire et ses collègues ont placé la barre haut. Très haut. Je veux dire strastosphériquement haut ! Non pas que d’habitude je sois mal traité dans ce genre d’interventions. Au contraire c’est même plutôt très sympa. Mais là, premièrement, le public était convié à un petit cocktail à la fin de la conférence (et çà, déjà, on ne le voit pas forcément partout). Une autre surprise m’attendait à l’hôtel. Pour marquer le coup on m’avait réservé une chambre un peu spéciale (voir photo ci-dessus), un véritable ovni à l’ambiance « backstage » et rock’n’roll (décorée avec des guitares électriques, des projos, des affiches des Cramps ou des Clash…). Un truc hallucinant et baroque qui n’était pas pour me déplaire. Je remercie aussi Julien et Chat Madame de m’avoir véhiculé toute la journée et aussi de m’avoir organisé une soirée en compagnie de Jean-Marie Minguez (dessinateur de Carabosse, si vous ne connaissez pas, je vous recommande, en plus de ses albums, ses superbes artbooks), de son amie Karine ainsi que de Mathieu Ménage (alias Emem, le dessinateur de Carmen Mc Callum) que je ne connaissais pas du tout mais ce fut l’occasion et la soirée a été très marrante. Julien et Emem prépareraient même ensemble un album plein de kilts et de strings couleur chair (enfin… c’est une idée mais pour l’instant ils en sont encore à se mettre d’accord sur le scénario). Bref. Je ne sais pas trop ce que l’auditoire aura pensé de ma conférence sur les supér-héroïnes (difficile de savoir ce que ça donne à l’écoute quand on est celui qui parle) mais en tout ce samedi (et aussi une partie du dimanche) passé à Rouen aura été une bien belle escapade…
PS: Il y a encore des expositions jusqu’à la fin mars, donc si vous n’étiez pas là ce week-end mais que vous passez à Rouen dans les semaines qui viennent…