Il n’aura échappé à personne (ok, disons à pas grand monde) que depuis quelques jours une partie du personnel de la S.N.C.F. s’est mise en grève. Et pourtant, pour cela, je dois dire (et sans ironie aucune… Ok, sans beaucoup d’ironie en tout cas) un grand merci à ces cheminots grévistes. Et, pourtant, je dois vous avouer que « merci » n’est pas vraiment le mot qui m’est venu à l’esprit vendredi soir vers 19 h quand j’ai appris que le train qui devait m’emmener le lendemain matin vers Lyon venait purement et simplement d’être annulé. Damned ! Le festival Comic’Gone, qui se tenait ce week-end, semblait bien parti pour me passer sous le nez. Le temps de faire part de mon désarroi sur un réseau social qu’on ne voit jamais de profil et l’auteur de BD Luc Brunschwig , qui lui aussi devait descendre ce week-end, partageait ma peine. Mais allez hop ! En cherchant, en triturant, j’arrivais quand même à trouver une autre place sur un autre train. Et, d’une allure hardie, j’arrivais bien samedi à Lyon dans les temps pour participer à la manifestation (d’ailleurs vous retrouverez des photos ICI) pour laquelle je remercie au passage toute la fine équipe des bénévoles et des auteurs présents. Quelques belles rencontres au passage, par ailleurs aussi pas mal de retrouvailles.
Mais quelque part à l’arrière de mon crâne mon sens d’araignée me criait déjà « Tu vas voir qu’il va sauter aussi le train avec lequel tu dois remonter dimanche soir ! ». Et cela n’a pas loupé. Le soir, rentré à l’hôtel, j’avais la confirmation que mon instinct, quelques fois, ne fonctionne pas trop mal. La majeure partie des trains remontant vers Paris avaient été atomisés. Si j’avais voulu avoir la moindre chance de prendre une place, il aurait fallu partir au plus tard en milieu de journée à bord d’un des derniers trains maintenus. Avec une conférence qui se déroulait à 17 h ? Pas possible. Je n’allais pas partir sans faire la prestation annoncée, une heure consacrée au passé de Lyon dans le domaine des comics et de la BD populaire. Au moment de poster les premières photos, je postais sur mon profil FB une vérité profonde : je n’avais pas la moindre idée de comment j’allais bien pouvoir remonter sur Paris, alors qu’en plus le conflit semblait parti pour durer. À nouveau j’avais le soutien moral de Luc : « Tu as un sacré courage, je n’y suis pas allé autant parce que je ne voyais pas comment y aller que par crainte surtout de ne pas pouvoir en revenir… » Il soutenait moralement le Luc, mais en même temps cela sentait un peu le « Ah, je savais bien que j’avais raison de ne pas descendre ». Inutile de dire que « Merci » n’était toujours pas ce que j’avais en tête à l’encontre de la S.N.C.F.
Dimanche dans la journée, cependant, un plan B s’échafaudait. Terry Stillborn, le scénariste du Garde Républicain, remontait le lundi matin en voiture et était ok pour m’embarquer. C’était un jour de plus de ce que j’avais prévu mais… c’était une solution efficace. Je fonçais faire ma conférence avec l’esprit plus léger, pour enfin évoquer de grandes maisons comme les mythiques éditions Lug, Impéria, Mon Journal, éditions des Remparts ou encore la S.E.R. de Pierre Mouchot. Le seul petit truc, me prévenait Terry, c’est qu’il ne prendrait la route qu’après midi, après avoir mangé avec quelques amis de longue date qu’il n’avait pas vu depuis un bail. Et, finalement, je suis donc resté un jour de plus sur Lyon et j’ai pris un repas mémorable avec la belle brochette ci-dessous:
De gauche à droite: le dessinateur Jean-Yves Mitton (Mikros, l’Archer Blanc, Vae Victis…), moi-même, André Amouriq (dessinateur, également ancien d’Impéria et des éditions Lug, qui dessina en son temps quelques épisodes de Mikros et que l’on a revu plus récemment chez Bamboo), Reedman (la cheville ouvrière d’Organic Comix et un compère régulier de Mitton), Ciro Tota (Photonik, Aquablue…) et Terry Stillborn (Le Garde Républicain, Ozark).
Bref, on n’était pas loin d’une sorte de matérialisation de ma conférence de la veille, alors que j’avais évoqué justement des noms comme Mustang, Mikros et Photonik). En plus, ce n’est pas tout à fait comme si je n’avais pas un livre sur ce genre de sujet dans les starting blocks. Soit au bout du compte une réunion homérique, plein d’anecdotes et de fous rires. Un must, un de ces trucs qui ne pourraient pas se produire si l’on voulait le faire exprès. Et après tout cela, Terry et moi-même avons pris la route, sommes remontés sans trop d’encombres vers Paris en discutant pendant des heures, la tête plein de ces auteurs et de ces héros… Un peu comme si l’on avait eu en musique de fond Eric Idle en train de nous chanter « Always look on the bright side of life ». Et, cher Luc Brunschwig, je sais que tu vas me détester mais… Il y avait de la place sur la banquette arrière ! Tu aurais pu remonter avec nous et… tu aurais sans doute adoré cette journée ! Donc, oui, merci… Merci amis de la S.N.C.F (sans oublier Terry Stillborn, of course) ! Vous me refaites le coup quand vous voulez. Mais, bien sûr, seulement si le lot de consolation est du même ordre ! Et ne soyez pas vache, la prochaine fois pensez aussi à Luc…
Quelle belle brochette en effet ! Les imprévus ont parfois du bon!;) Ce pauvre Luc devait passer nous voir sur Annecy aussi. Snif.;) En tous cas, belle histoire;)