Donc… Dans de précédentes aventures j’ai compris que les BD américaines existaient… J’ai découvert les super-héros dans Strange. J’ai réalisé, enfin, comment me procurer régulièrement le dit-Strange. Mais seulement Strange et pas les autres revues, quand bien même elles seraient publiées par Lug. Pas question que je sombre dans le piège grossier du capitalisme. Mais il y a toujours un mais…
Tout ça c’est la faute de Jean Frisano, le peintre qui dessine la plupart des couvertures de la gamme Super-Héros chez Lug… Au bout de quelques semaines à peine de collection, alors que les étrennes de fin d’années sont mises à profit pour récupérer ce que je peux en vieux numéros de Strange, il y a une autre revue qui me fait de l’œil… Sans doute une des couvertures les plus dynamiques qu’il m’ait été de donné de voir dans une revue VF. A la une de Titans #6, les cinq Gardiens de la Galaxie, tels que peints par Frisano, se précipitent vers le lecteur, sur un fond étoilé. Comment voulez-vous résister à ça. Enfin si, au début je tiens bon. Mais le titre est bimestriel. Il reste plus longtemps en rayon, disposé en hauteur, juste au dessus de la caisse de la supérette de Brive dont je parlais plus tôt (à l’angle des rues Latreille et Philibert Lalande, à côté de la boucherie, mais elle n’existe plus de nos jours). Mars arrive. Bientôt ces personnages cosmiques disparaîtront… Un jour que j’étais parti chercher du pain ou quelque chose de ce genre je n’y tiens plus. La monnaie passe dans l’achat de ce numéro. Sur le chemin du retour je fais ainsi la connaissance des Gardiens de la Galaxie qui ont tout pour plaire au fan de Captain Marvel. Mais il n’y a pas qu’eux. Il y a aussi « Skull le Prisonnier du Temps » et les Champions, parmi lesquels je retrouve deux des X-Men et la Veuve Noire. Houla. Ca se complique. Dans Strange la Veuve Noire vient de se mettre en couple avec Daredevil. Dans Titans elle ne l’est déjà plus. Et si Iceberg et Angel sont des Champions maintenant qu’est-il advenu du reste des X-Men ? Globalement Titans m’ouvre les portes d’un univers de personnages secondaires plus malléables, en un sens plus fun, que des vedettes en place comme Spider-Man (d’ailleurs à l’époque on disait plutôt l’Araignée ou l’Homme-Araignée) ou Iron Man. En plus les séries sont plus neuves. A partir de là, le mal est fait… Titans rejoint Strange dans mon budget BD. En plus c’est seulement un mois sur deux. Et je n’ai pas l’intention de rajouter d’autres titres, quand bien même Jean Frisano ressortirait une autre couverture de killer…
Oui mais le libre-arbitre n’existe pas (ou peu) quand on est collectionneur. Quand on s’occupe de gérer les choses, il y a toujours un élément extérieur qui vient en remettre une couche. Là pour le coup quelques semaines plus tard mes parents s’absentent quelques temps. A leur retour, pour marquer le coup, ils veulent m’offrir une BD qu’ils achètent en route, sans moi. Strange ? Non. Pas possible. Au besoin j’ai déjà le numéro du mois. Titans ? Non, c’est pareil. Va savoir si je ne l’ai pas déjà lu. Finalement ce raisonnement fatidique se met en place… Tiens, si on lui prenait Spécial Strange ? Vu qu’il n’achète pas cette série on est surs qu’il ne l’aura pas. Spécial Strange #7 me tombe donc du ciel alors que je n’avais rien demandé… Et qu’est-ce qu’il y a dans Spécial Strange #7 ? Une aventure de la Veuve Noire (encore elle) et de la Chose mais aussi et surtout… Les X-Men ! Des X-Men méconnaissables. Il n’y a plus qu’une ou deux figures de la version que je lisais. Qui sont ces Diablo, Serval, Colossus, Tornade ? Et comment est-ce que Cyclope arrive à marcher avec des revers de bottes si larges ? Mais bon les X-Men, quoi… A partir de là il n’y a plus à discuter, fini de résister. De toute façon ça ne sert à rien. Donc finalement je me mets à acheter toutes les revues Marvel chez Lug (la sortie de Nova #1 l’année suivante ne sera donc qu’une formalité)…
Et le reste ? Ah, le reste, c’est pas gagné… Un jour j’ai acheté un Superman Poche (le #4) de Sagédition. Et je l’ai parcouru presque avec horreur. Non seulement le Superman des années 70 avait comme un manche à balai installé profondément dans une partie de son anatomie mais les dialogues très formels ne faisaient rien pour arranger à l’affaire. Et puis il y avait la technique de winner de Sagédition : imprimer seulement une double page sur deux en couleurs. Bref, Sagédition aurait été payé par des espions soviétiques pour me dégoûter de Superman qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Batman… Batman, lui, aura un peu plus d’attrait. D’autant que je tombe sur Batman Poche #5, où il fait équipe avec Flash, dont je fais donc la connaissance. Mais les titres Sagédition sont ainsi agencés que l’esprit de feuilleton est beaucoup moins présent. Je ne vais suivre Batman que d’un œil.
Restent d’autres titres Marvel publiés chez Arédit/Artima. Des pointures telles que Thor ou Hulk. Mais la distribution d’Arédit/Artima est anarchique. Ca sort quand ça veut et surtout d’une fois à l’autre on n’est pas sur de retrouver la même série dans le même point de vente. Je vais donc royalement ignorer ce versant de l’univers jusque dans le courant 1978, quand un cousin qui arrivait quand même à suivre de loin Thor dans la « Collection Flash » me dit que ça vaut le coup de traquer les numéros manquants chez les vendeurs des marchés. Paradoxalement, avant ça, le seul Collection Flash que j’arrivais à me procurer régulièrement était Faucon Noir. J’avais acheté le #6 en pensant que Faucon Noir était un super-héros (sur la couverture il a l’air d’atterrir façon Superman). Après m’être aperçu, à la lecture, qu’il n’en était rien, je découvrais néanmoins dans le package deux séries qui avaient plus de pep’s que tous les héros DC que j’avais lu jusque-là : Les Métalliens (Metal Men) et les Jeunes Titans. Il faut dire que j’étais tombé sur les Metal Men de Walt Simonson et sur la reformation des Jeunes Titans (quand ils affrontent Docteur Light). Faucon Noir, c’était un peu pour moi l’équivalent du Titans de Lug transposé à Arédit/Artima et l’univers DC. Des séries secondaires plus surprenantes, plus libre. L’achat régulier de Faucon Noir fut donc validé. Green Lantern aussi… Et le reste n’allait pas tarder à suivre…
En 1978 les barrières se sont donc effondrées. C’est officiel, je suis passé au « full monty ». En 1979 ça va devenir encore plus évident avec l’apparition de la collection SuperStar d’Arédit Artima (les séries comme Captain America, Thor le Fils d’Odin, Kamandi…). Je collectionne désormais tout ce que je peux en comics. Et même… A l’époque je commence à décider que je ne veux pas seulement les lire ou les collectionner. Comme je ne dessine pas trop mal pour un enfant de mon âge, un plan germe : Je veux devenir dessinateur de comics (ou plus exactement de super-héros, je ne suis pas certain que je faisais bien la différence à l’époque) ! Mais, là non plus, ça ne va pas se passer exactement comme prévu…
(To be continued)
C’est vrai aussi que je commence un peu aprés toi (3 ans) et quand je commence, Aredit et sagedition sont mieux distribués.
Enfin, bonne idee que cette « secret Origins » qui permet de voir derriere tes articles.. mais aussi de comparer avec le parcours personnel de chacun.. si loin, si proche…
En tout cas, ca ravive les souvenirs personnels 🙂
Effectivement pour ce que j’en sais Arédit a un peu mieux géré sa diff à partir du moment où ils ont sorti la collection Super-Star, vers la fin des années 70, qui concurrençait plus directement la collection Super-Héros de Lug. Au niveau dates ça doit correspondre au moment dont tu parle.
Je ne suis pas au courant d’un problème de diffusion pour Sagédition par contre. C’est juste qu’avec leur format « poche » entre deux eaux et seulement une double page colorisée sur deux… C’était comme essayer de voir un film tandis qu’un type caché aurait joué avec les boutons de la couleur et du contraste. Super désagréable. Tant qu’à choisir Arédit au moins c’était en N&B de bout en bout et ça parasitait moins la lecture. Et bien sur, comparé à Lug…
J étais plutôt un aredit guy…
Tant de superbes séries de Cap, Avengers, Thor, New Titans, Master Of Kung Fu, Moon Knight, Ka-zar, Man-Thing, Dracula, Swamp Thing, JLA, Judge Dredd …
Sauf que tu parles déjà des 80’s. Les New Teen Titans, Moon Knight, Judge Dredd et plein d’autres n’étaient pas publiés chez Arédit à l’époque 77/78 dont je parle 😉
Je sais.